AY temps qu'on commençoit à ſemer
                
                    le Lin, l'Arondelle confeille aux au-
                
                    tres oyfeletz d'empecher la femence, di-
                
                    fant qu'il y auoit efpies fur les champs
                
                    pour leur faire embusches. Les autres fe
                
                    moquent d'elle, & l'appellent fotte deui-
                
                    nereffe. Quand le Lin començoit à croi-
                
                    tre & reuerdir, de rechefelle les admon-
                
                    nefte d'arracher la femence: ils fe mo-
                
                    quent encore. Le Lin commence à meu-
                
                    rit: Elle donne confeil d'aller piller les
                
                    bledz, encore ne la creurent ilz point.
                
                    Lors 'Arondelle delaiffat la compagnie
                
                    de tous les autres, vint à s'accoîter de l'hō
                
                    me,elle acquit fabonne grace, elle habi-
                
                    te auec lui, elle le refiouyt de fon chant.
                
                    Tous les autres oyfeaux furent prins aux
                
                    laffetz & retz faits de ce Lin.
                
                    Lefens.
                
                    Plufieurs ne fe fauroyent confeiller eux mef
                
                    mes, & ne veulent croire à ceux qui leur don-
                
                    nent bon confeil. Mais quand ils font au mi
                
                    lieu du danger & dommage,lors ilz, commen
                
                    cent à denen fages blafmer leur beftife.
                
                    Lors ilz ont pron de confeil. Hfailloit ( difent
                
                    ilz)faire cecy, & cela, Mais il vaut beaucoup
                
                    mieux eftre Prometheus que Epimetheus.
                
                    C'etoyent deux freres. L'vn prenoit confeil a
                
                    uant que befongner, l'autre apres:ce que declaire
                
                    l'interpretation de leurs noms.