Du loup et du hérisson de lupo et herinacio

Une fois, il se trouva que le Loup et le Hérisson s'associèrent, et ils décidèrent entre eux que le Hérisson devait faire face à la violence des chiens. En effet, il est de coutume pour le Hérisson, lorsqu'il est poursuivi par des chiens, de se rouler en boule. Ainsi confédérés, ils se sont rendus au village et ont volé un mouton. Le loup, qui portait le mouton, s'est enfui, et a laissé derrière lui son compagnon, qui devait empêcher les chiens de le poursuivre. Mais le Hérisson a vu que les pointes de ses piquants pouvaient l'aider contre les chiens, mais qu'ils ne lui serviraient à rien contre les hommes, et il a appelé le Loup à l'aide. Le Loup a répondu : Je ne sais pas ce que je peux faire pour toi, puisque nous sommes loin de la forêt, et que nous sommes dans les mains d'un paysan fort avec ses chiens. Alors, a déclaré le Hérisson, tu pourras au moins me donner un dernier baiser, et ainsi rapporter à mes amis combien nous nous aimions, en étant sur le point de mourir et séparés l'un de l'autre. Tu as raison, dit le Loup, et je vais le faire. Il s'approcha et l'embrassa. Mais le Hérisson, mordant les lèvres du Loup en train de l'embrasser, y resta fermement attaché. Les chiens s'approchaient, et le Loup fut obligé de transporter le Hérisson avec lui, bien malgré lui. Le Loup a dit : Laisse-moi au moins maintenant, car nous serons bientôt tous les deux pris. Le Hérisson répondit : Sache bien que je ne te lâcherai pas, car il est juste et bon que des compagnons aussi étroitement unis, s'échappent ensemble ou soient pris ensemble. Ils sont donc arrivés à la forêt, et le Hérisson, voyant qu'il pouvait s'échapper, relâcha les dents avec lesquelles il serrait les lèvres du Loup, et grimpa promptement à l'arbre le plus proche. Reste là, misérable petite bête, et défends-toi contre les chiens; moi, je vais fuir dans les refuges de la forêt pour m'échapper sain et sauf, dit le Loup. Le Hérisson répondit: Tu trahis honteusement le pacte que nous avons juré ensemble, lorsque toi, revenant à ce mouton, tu me laisses derrière toi ; mais fais ce que tu veux avec mon mouton si tu n'as pas peur de la présence des chiens.

Moralité. Il arrive ainsi au trompeur qu'il se trompe lui-même, alors même qu'il avait l'intention de tromper autrui.