Le Cerf Du Cerf

Maxime Planude - Fable 2.41
14ème siècle

Fable 2.40 - L'Âne et le Cheval Fable 2.42 - Le Serpent et la Lime

Voir la fable originale en Vieux Français

Le Cerf se contemplant dans une claire fontaine, commença à louer grandement ses grandes cornes branchues et à blâmer ses jambes menues et déliées. Or, pendant cette contemplation et ce gémissement, survint un Veneur, et aussitôt le Cerf s'enfuit plus vite que le vent. Les Chiens poursuivaient la proie, et le Cerf entra dans une forêt épaisse. En entrant, il s'emmêla ses cornes aux branches, et alors il loua ses jambes et blâma ses cornes, qui avaient été la cause de sa prise.

Le sens :

Nous cherchons volontiers ce que nous devons fuir, nous fuyons ce que nous devons chercher. Ce qui nous nuit nous plaît, ce qui nous est utile nous déplaît. Nous désirons le bonheur avant d'en savoir où il est. Nous recherchons la grandeur des richesses, l'excellence des honneurs, et pensons que toute félicité abonde, pourtant elles entraînent avec elles beaucoup de travail et de tristesse.

Voir la fable traduite en français

LE Cerf ſe contemplant en vne claire

fontaine, commença à louer grande-

ment fes grandes cornes & branchues, &

blafmer fes iambes menues & deliées.Or

pendant cette contemplation & ingemét

furuint vn Veneur, & incontinent le Cerf

s'enfuit plus vifte que le vent. Les Chies

pourfuiuoient la proye, & le Cerf entra

en vne foreft épeffe. En entrant il entre-

• mefla fes cornes aux branches: & lors il.

Loua fes jambes,& blama fes cornes, que

auoient été caufe de fa prife.

Le fens.

Nous cherchons volontiers se que nous de-

wons fuyr, nous fuyons ce que deuons cher-

cher.Ce qui nous nuit nous plaijt, ce qui nous

eft vtile nous deplaift. Nous defiros le bon-heur

auant que nous fachons ou il eft. Nous deman-

dons la grandeur des richeffes, l'excellence

des honneurs, & penfons que toute felicitéy

abonde, toutesfois elles ont auec foy beaucoup

de labeur & de trifteffe.

Gravures et Illustrations

Anonyme - 1582

Le Cerf par Anonyme, source: Livre Planude (1582)

Francis Barlow - 1704

Le cerf à la source et le lion par Francis Barlow, source: Les fables d'Ésope et de plusieurs autres excellents mythologistes (1704)

Autres versions de la fable

Esope - Le cerf à la source et le lion
5ème siècle av J.-C.

Un cerf pressé par la soif arriva près d'une source. Après avoir bu, il aperçut son ombre dans l'eau. Il se sentit fier de ses cornes, en voyant leur grandeur et leur diversité ; mais il était mécontent de ses jambes, parce qu'elles étaient grêles et faibles, Il était encore plongé dans ces...

Souvent dans le danger les amis que nous suspectons nous sauvent, et ceux sur qui nous comptons fermement nous trahissent.

Lire cette fable

Babrius - Le cerf et les chasseurs
3ème siècle

Un cerf de haute ramure, pressé par la soif, se désaltérait pendant le chaud du jour dans l'eau d'un étang tranquille; il y vit son image, et il eut honte de ses jambes et de ses pieds; mais il louait fort la beauté de son bois. Cependant Némésis, qui punit l'orgueil, n'était pas loin. Tout à...