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Le chagrin dans les fables

Morales

L'homme affligé par quelque coup de la fortune veut éviter jusqu'au lieu où le chagrin l'a frappé.
Nos voisins, n'en jugeant que par les dehors, nous estiment heureux pour des choses qui nous causent intérieurement le plus vif chagrin.
En toute affaire il faut se garder de la négligence, si l'on veut éviter le chagrin et le danger.

Textes

Alors l'oiseau baissait la tête et, de chagrin, ne mangeait plus : on l'eût pris pour un roi prisonnier
À cette vue, il s'écria : « C'est pour moi un surcroît de chagrin de mourir par mes propres plumes
Mais l'un d'eux, un vieillard, leur dit : « Cessons de nous affliger, mes amis ; car la joie parait-il, a pour sœur le chagrin ; et il fallait qu'après nous être tant réjouis à l'avance, nous eussions de toute façon quelque contrariété
Le thon se retournant le vit rendre l'âme et dit : « Je ne suis plus chagrin de mourir, du moment que je vois mourir avec moi celui qui est cause de ma mort
Alors le renard claqua ses mains l'une contre l'autre, dépité d'avoir perdu sa peine ; et le lion se mit à gémir en poussant de grands rugissements ; car la faim le tenaillait, et le chagrin aussi ; et il supplia le renard de faire une autre tentative et de trouver une nouvelle ruse pour amener le cerf
Les malades d’alors, étant tels que les nôtres, Donnaient de l’exercice au pauvre hospitalier ; Chagrins, impatients, et se plaignant sans cesse : « Il a pour tels et tels un soin particulier, « Ce sont ses amis ; il nous laisse, » Ces plaintes n’étaient rien au prix de l’embarras Où se trouva réduit l’appointeur de débats : Aucun n’était content ; la sentence arbitrale À nul des deux ne convenait : Jamais le juge ne tenait À leur gré la balance égale : De semblables discours rebutaient l’appointeur : Il court aux hôpitaux, va voir leur directeur
Un an se passe, et deux avec inquiétude : Le chagrin vient ensuite ; elle sent chaque jour Déloger quelques Ris, quelques Jeux, puis l’Amour ; Puis ses traits choquer et déplaire ; Puis cent sortes de fards
L'aigle vit le feu allumé ; Au renard elle supplie et dit : "Ami, Éteins ce feu ! Prends ton chagrin ! Mes petits tu vas brûler, c'est certain
Ainsi, comme au départ des eaux claires, Ses jambes l'ont sauvé d'un sort cruel, Ces dernières constituent maintenant un amer chagrin
Ainsi, ayant entendu la Taupe aveugle La plainte de l'un et l'autre, et leur grand chagrin Elle se tourna vers eux, et dit ces mots : Ah, pourquoi faites-vous tant de plaintes en vain, Vous qui êtes néanmoins heureux en cela ? Si vous me voyez, qui exclue de la lumière bien-aimée Vit malheureuse dans une nuit éternelle, Privée du plus grand bien qui soit au monde, Restez-vous en paix sans rien à reprocher? Donc celui qui se croit misérable, Qu'il reste ferme et fort dans ses souffrances ; Et dans la volonté de Dieu qu'il paie son sort Du plus grand malheur qu'il voit chez les autres