Alors l'un d'eux, prenant la parole pour humilier les autres, se moqua de leur couardise
— Lâche-le tout de suite, s'écria le chien ; sinon, je vais te faire des caresses de chien
L'effroi m'ôte l'esprit, et je ne sais que faire : je suis partagé entre mon amour des richesses et ma couardise naturelle
Ne pouvant sortir pour se procurer de la nourriture, il mangea d'abord ses moutons ; puis, comme le mauvais temps persistait, il mangea aussi ses chèvres ; enfin, comme il n'y avait pas de relâche, il en vint à ses bœufs de labour
Et lui, sur le point d'être immolé par eux, les pria de le relâcher, alléguant qu'il était utile aux hommes, en les éveillant la nuit pour leurs travaux
Alors un des lièvres, qui paraissait être plus fin que les autres, dit : « Arrêtez, camarades ; ne vous faites pas de mal ; car, vous venez de le voir, il y a des animaux plus peureux encore que nous
Le lièvre peureux dit alors : « J'ai vivement souhaité de voir ce jour, afin que les faibles paraissent redoutables aux violents
» Le renard répondit : « Es-tu si couard et si lâche ? Est-ce ainsi que tu nous soupçonne », nous, tes amis ? Le lion, en te prenant l'oreille, allait te donner ses conseils et ses instructions sur ta grande royauté, comme quelqu'un qui va mourir ; et toi, tu n'as pas supporté même une égratignure de la patte d'un malade
Le lion, se réveillant, le saisit, et il allait le manger, quand le rat le pria de le relâcher, promettant, s'il lui laissait la vie, de le payer de retour
» Le lion déplorait donc son sort et s'accusait de lâcheté ; à la fin il voulut en finir avec la vie