Le renard et le dragon

Caius Iulius Phaedrus - Fable 4.18
1er siècle



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Un Renard se creusait un terrier il jetait la terre au dehors, et travaillait avec ardeur à ses galeries souterraines, lorsqu'il rencontra une caverne profonde, où un dragon gardait des trésors cachés. Dès que le Renard l'aperçut: « Pardonne, lui dit-il, mon imprudence; ensuite, comme tu dois voir que les trésors ne me conviennent guère, réponds à une demande sans te fâcher. Quel fruit retires-tu de cette tâche? ta récompense doit être grande, car tu te prives de sommeil, et passes ta vie dans les ténèbres.
Je n'ai rien pour cela, répondit le Dragon; Jupiter a seulement remis ce dépôt à ma vigilance.
Tu ne peux donc ni prendre ta part de ce trésor, ni en donner à personne?
Non, telle est la volonté suprême.
Ne te fâches pas, je te prie, si je te le dis avec franchise : celui qui te ressemble est né maudit des dieux. » Puisque tu dois aller là où sont tes pères, quelle folie de tourmenter ta misérable existence! C'est à toi que je m'adresse, avare, toi qui fais la joie de ton héritier, toi qui refuses l'encens aux dieux et la nourriture à toi-même: les sons harmonieux de la lyre attristent ton coeur, et la flûte douce et suave te fait sécher. Le prix des vivres t'arrache des gémissements, et, pour augmenter un peu ton patrimoine par ton avarice, tu fatigues le ciel de tes sordides parjures; enfin tu marchandes même sur ton convoi funèbre, de peur que Libitine ne gagne quelque chose avec toi.