Les Membres et l’Estomac
Jean de La Fontaine - Fable 3.217ème siècle
Je devais par la royauté
Avoir commencé mon ouvrage :
À la voir d’un certain côté,
Messer Gaster en est l’image ;
S’il a quelque besoin, tout le corps s’en ressent.
De travailler pour lui les membres se lassant,
Chacun d’eux résolut de vivre en gentilhomme,
Sans rien faire, alléguant l’exemple de Gaster.
Il faudrait, disait-il, sans nous qu’il vécût d’air.
Nous suons, nous peinons, comme bête de somme ;
Et pour qui ? pour lui seul : nous n’en profitons pas ;
Notre soin n’aboutit qu’à fournir ses repas.
Chômons, c’est un métier qu’il veut nous faire apprendre.
Ainsi dit, ainsi fait. Les mains cessent de prendre,
Les bras d’agir, les jambes de marcher.
Tous dirent à Gaster qu’il en allât chercher.
Ce leur fut une erreur dont ils se repentirent :
Bientôt les pauvres gens tombèrent en langueur ;
Il ne se forma plus de nouveau sang au cœur ;
Chaque membre en souffrit ; les forces se perdirent.
Par ce moyen, les mutins virent
Que celui qu’ils croyaient oisif et paresseux,
À l’intérêt commun contribuait plus qu’eux.
Ceci peut s’appliquer à la grandeur royale.
Elle reçoit et donne, et la chose est égale.
Tout travaille pour elle, et réciproquement
Tout tire d’elle l’aliment.
Elle fait subsister l’artisan de ses peines,
Enrichit le marchand, gage le magistrat,
Maintient le laboureur, donne paye au soldat,
Distribue en cent lieux ses grâces souveraines,
Entretient seule tout l’État.
Ménénius le sut bien dire.
La commune s’allait séparer du sénat.
Les mécontents disaient qu’ils avaient tout l’empire,
Le pouvoir, les trésors, l’honneur, la dignité,
Au lieu que tout le mal était de leur côté,
Les tributs, les impôts, les fatigues de guerre.
Le peuple hors des murs était déjà posté,
La plupart s’en allaient chercher une autre terre,
Quand Ménénius leur fit voir
Qu’ils étaient aux membres semblables,
Et par cet apologue, insigne entre les fables,
Les ramena dans leur devoir.
Gravures et Illustrations
Anonyme - 1582
Francis Barlow - 1704
Jean-Baptiste Oudry - 1755
Jean-Jacques Grandville - 1840
Autres versions de la fable
Esope - L'estomac et les pieds5ème siècle av J.-C.
L'estomac et les pieds disputaient de leur force. À tout propos les pieds alléguaient qu'ils étaient tellement supérieurs en force qu'ils portaient même l'estomac. À quoi celui-ci répondit : « Mais, mes amis, si je ne vous fournissais pas de nourriture, vous-mêmes ne pourriez pas me...
Dans les armées, le nombre, le plus souvent, n'est rien, si les chefs n'excellent pas dans le conseil.
Lire cette fable
Romulus - Sur le conflit du corps11ème siècle
Il y eut un temps un conflit entre les différentes parties du Corps, et les Pieds et les Mains dirent à l'Estomac et à la Tête : C'est à nous que vous devez la grâce de vivre et d'être en bonne santé. En effet, nous courons sans cesse, nous agissons constamment et nous contractons, d'où vous...
Personne ne devrait torturer l'autre au point de se détruire.
Lire cette fable
Marie de France - L’homme et ses membres13ème siècle
Je veux ici vous conter d'un homme,
Et par exemple vous revigorer –
De ses mains raconter, de ses pieds
...
Personne ne peut avoir d'honneur qui fait honte à son seigneur, ni le seigneur tout aussi, pour qu'il veuille humilier ses gens ; si l'un a trompé l'autre, les deux en seront affligés.
Lire cette fable
Planude - Le Ventre et les autres Membres14ème siècle
Le pied et la main se plaignaient parfois du ventre car celui-ci engloutissait tous leurs grains. Ils voulaient soit qu'il travaille, soit qu'il ne demande pas à être nourri. Le ventre les supplia deux ou trois fois, mais la main refusa sa nourriture. Le ventre, affaibli par la faim, commença à...
Lire cette fable
Benserade - Fable 4217ème siècle
Contre le Ventre un jour les membres disputèrent :
En son pressant besoin nul ne le secourut ;
Tous las de le servir enfin se révoltèrent,
...
Lire cette fable
Je devais par la royauté
Avoir commencé mon ouvrage :
À la voir d’un certain côté,
Messer Gaster en est l’image ;
S’il a quelque besoin, tout le corps s’en ressent.
De travailler pour lui les membres se lassant,
Chacun d’eux résolut de vivre en gentilhomme,
Sans rien faire, alléguant l’exemple de Gaster.
Il faudrait, disait-il, sans nous qu’il vécût d’air.
Nous suons, nous peinons, comme bête de somme ;
Et pour qui ? pour lui seul : nous n’en profitons pas ;
Notre soin n’aboutit qu’à fournir ses repas.
Chômons, c’est un métier qu’il veut nous faire apprendre.
Ainsi dit, ainsi fait. Les mains cessent de prendre,
Les bras d’agir, les jambes de marcher.
Tous dirent à Gaster qu’il en allât chercher.
Ce leur fut une erreur dont ils se repentirent :
Bientôt les pauvres gens tombèrent en langueur ;
Il ne se forma plus de nouveau sang au cœur ;
Chaque membre en souffrit ; les forces se perdirent.
Par ce moyen, les mutins virent
Que celui qu’ils croyaient oisif et paresseux,
À l’intérêt commun contribuait plus qu’eux.
Ceci peut s’appliquer à la grandeur royale.
Elle reçoit et donne, et la chose est égale.
Tout travaille pour elle, et réciproquement
Tout tire d’elle l’aliment.
Elle fait subsister l’artisan de ses peines,
Enrichit le marchand, gage le magistrat,
Maintient le laboureur, donne paye au soldat,
Distribue en cent lieux ses grâces souveraines,
Entretient seule tout l’État.
Ménénius le sut bien dire.
La commune s’allait séparer du sénat.
Les mécontents disaient qu’ils avaient tout l’empire,
Le pouvoir, les trésors, l’honneur, la dignité,
Au lieu que tout le mal était de leur côté,
Les tributs, les impôts, les fatigues de guerre.
Le peuple hors des murs était déjà posté,
La plupart s’en allaient chercher une autre terre,
Quand Ménénius leur fit voir
Qu’ils étaient aux membres semblables,
Et par cet apologue, insigne entre les fables,
Les ramena dans leur devoir.
Gravures et Illustrations
Anonyme - 1582
Francis Barlow - 1704
Jean-Baptiste Oudry - 1755
Jean-Jacques Grandville - 1840
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L'estomac et les pieds disputaient de leur force. À tout propos les pieds alléguaient qu'ils étaient tellement supérieurs en force qu'ils portaient même l'estomac. À quoi celui-ci répondit : « Mais, mes amis, si je ne vous fournissais pas de nourriture, vous-mêmes ne pourriez pas me...
Dans les armées, le nombre, le plus souvent, n'est rien, si les chefs n'excellent pas dans le conseil.
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Il y eut un temps un conflit entre les différentes parties du Corps, et les Pieds et les Mains dirent à l'Estomac et à la Tête : C'est à nous que vous devez la grâce de vivre et d'être en bonne santé. En effet, nous courons sans cesse, nous agissons constamment et nous contractons, d'où vous...
Personne ne devrait torturer l'autre au point de se détruire.
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Je veux ici vous conter d'un homme,
Et par exemple vous revigorer –
De ses mains raconter, de ses pieds
...
Personne ne peut avoir d'honneur qui fait honte à son seigneur, ni le seigneur tout aussi, pour qu'il veuille humilier ses gens ; si l'un a trompé l'autre, les deux en seront affligés.
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Le pied et la main se plaignaient parfois du ventre car celui-ci engloutissait tous leurs grains. Ils voulaient soit qu'il travaille, soit qu'il ne demande pas à être nourri. Le ventre les supplia deux ou trois fois, mais la main refusa sa nourriture. Le ventre, affaibli par la faim, commença à...
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Contre le Ventre un jour les membres disputèrent :
En son pressant besoin nul ne le secourut ;
Tous las de le servir enfin se révoltèrent,
...
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Dans les armées, le nombre, le plus souvent, n'est rien, si les chefs n'excellent pas dans le conseil.
Romulus - Sur le conflit du corps11ème siècle
Il y eut un temps un conflit entre les différentes parties du Corps, et les Pieds et les Mains dirent à l'Estomac et à la Tête : C'est à nous que vous devez la grâce de vivre et d'être en bonne santé. En effet, nous courons sans cesse, nous agissons constamment et nous contractons, d'où vous...
Personne ne devrait torturer l'autre au point de se détruire.
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Je veux ici vous conter d'un homme,
Et par exemple vous revigorer –
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Le pied et la main se plaignaient parfois du ventre car celui-ci engloutissait tous leurs grains. Ils voulaient soit qu'il travaille, soit qu'il ne demande pas à être nourri. Le ventre les supplia deux ou trois fois, mais la main refusa sa nourriture. Le ventre, affaibli par la faim, commença à...
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Contre le Ventre un jour les membres disputèrent :
En son pressant besoin nul ne le secourut ;
Tous las de le servir enfin se révoltèrent,
...
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Il y eut un temps un conflit entre les différentes parties du Corps, et les Pieds et les Mains dirent à l'Estomac et à la Tête : C'est à nous que vous devez la grâce de vivre et d'être en bonne santé. En effet, nous courons sans cesse, nous agissons constamment et nous contractons, d'où vous...
Personne ne devrait torturer l'autre au point de se détruire.
Marie de France - L’homme et ses membres13ème siècle
Je veux ici vous conter d'un homme,
Et par exemple vous revigorer –
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...
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Le pied et la main se plaignaient parfois du ventre car celui-ci engloutissait tous leurs grains. Ils voulaient soit qu'il travaille, soit qu'il ne demande pas à être nourri. Le ventre les supplia deux ou trois fois, mais la main refusa sa nourriture. Le ventre, affaibli par la faim, commença à...
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Contre le Ventre un jour les membres disputèrent :
En son pressant besoin nul ne le secourut ;
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Et par exemple vous revigorer –
De ses mains raconter, de ses pieds
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Planude - Le Ventre et les autres Membres14ème siècle
Le pied et la main se plaignaient parfois du ventre car celui-ci engloutissait tous leurs grains. Ils voulaient soit qu'il travaille, soit qu'il ne demande pas à être nourri. Le ventre les supplia deux ou trois fois, mais la main refusa sa nourriture. Le ventre, affaibli par la faim, commença à...
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Contre le Ventre un jour les membres disputèrent :
En son pressant besoin nul ne le secourut ;
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...
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Benserade - Fable 4217ème siècle
Contre le Ventre un jour les membres disputèrent :
En son pressant besoin nul ne le secourut ;
Tous las de le servir enfin se révoltèrent,
...
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En son pressant besoin nul ne le secourut ;
Tous las de le servir enfin se révoltèrent,
...