De la souris et de la grenouille de mure et rana

Assis sur le pas de porte de son moulin, un rat fut rejoint par une grenouille qui avait quitté son ruisseau. La grenouille salua le rat et demanda à qui appartenait cette demeure. Le rat répondit que c'était la sienne. La grenouille lui demanda alors si elle pouvait être hébergée pour la nuit. Le rat, aimable, l'invita à l'intérieur, la mena à son grenier et, à l'heure du dîner, lui servit de la farine grossière et fine, l'invitant à manger tout ce qu'elle avait, en lui disant qu'il aurait volontiers offert mieux si cela avait été possible. La grenouille fut satisfaite de la nourriture et du lieu. Cependant, alors que l'eau tant attendue n'arrivait pas, la grenouille, habituée à boire et rassasiée par la farine sèche, s'assit triste et fut dérangée par l'absence d'eau. Elle dit qu'elle préférait être sous le moulin sans cette nourriture que dans le grenier sans eau. Le rat se sentit offensé, jura qu'il n'avait jamais été si bien provisionné en une seule nuit, et voulut être récompensé pour ses dépenses. Ayant entendu cela, la grenouille répondit que si le rat voulait la suivre chez elle, elle lui rendrait pareil, offrant à manger et à boire en abondance. Le rat accepta la proposition et promit d'y aller. Au lever du jour, ils commencèrent leur voyage, la grenouille mena le rat à travers un pré vers une rivière. Le parcours était difficile pour le rat à cause de la rosée, et il voulait s'arrêter; mais la grenouille l'encouragea en disant que sa maison était déjà proche. Finalement, avec beaucoup de mal, ils atteignirent la rivière et la grenouille a dit: "Nous devons traverser de l'autre côté de l'eau, là où se trouve ma maison". Fatigué par le voyage, le rat dit à la grenouille : "Je ne peux pas aller dans votre maison car je n'ose pas me jeter dans cette eau alors que j'ai déjà du mal avec la rosée. "La grenouille dit alors: "Il est honteux de s'arrêter maintenant et de ne pas finir le voyage; mais si vous êtes fatigué, je vous aiderai à ne pas sombrer dans l'eau. Nous allons attacher une corde, vous à votre cou et moi à mon pied, et je vous trainerai. Ainsi dit la grenouille, et le rat accepta ces termes. Alors qu'ils étaient déjà au milieu de la rivière, la grenouille parla encore : "Je dois avouer que je me sens faiblir et que je me sens prête à couler", et elle se plongea de son plein gré, provoquant le naufrage du rat. Le rat, déjà submergé une deuxième fois par la grenouille, comprenait que les choses tournaient mal et regardait le littoral qu'il avait quitté, voulant y retourner. Ainsi commença une dispute entre eux, chaque partie tirant de son côté : la grenouille voulait couler et le rat voulait rejoindre la rive. Alors qu'ils se disputaient, un aigle qui était par hasard spectateur mit fin à la malheureuse dispute, emportant le rat dans ses griffes et la grenouille qui était attachée au rat de la même façon. La grenouille, voyant qu'elle était emmenée pour mourir, aurait dit: "Celui qui prépare la chute de son compagnon ne tombe pas sans mérite dans le piège". Moralité. Ceci est dit pour les trompeurs et les fourbes, pour qu'ils trompent moins, de peur d'être eux-mêmes trompés, car celui qui tend un piège à son prochain tombe parfois lui-même dedans.